La dernière fois que j’ai quitté le Liban pour une longue période, j’étais très
jeune et je me réjouissais de l’idée de pouvoir vivre dans un pays où l’électricité
ne se coupe jamais, où il y a de grands immeubles modernes, où les autoroutes
sont larges et bien aménagées.
Hier, j’ai du rentrer chez moi par une autre route que celle que j’ai l’habitude
de prendre. Pour cause, des milices armées
sont apparues dans un quartier de Beyrouth Ouest, et l’armée libanaise est
intervenue.
En rentrant chez moi, je regardais Beyrouth d’un œil triste. La situation n’avait
rien de très grave, mais c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. J’ai
eu le sentiment d’avoir perdu une cause, celle de croire en un avenir meilleur
pour le Liban. Je rentrais chez moi, mais j’avais l’impression de prendre la
route de l’aéroport, que je partais au Brésil ou en Australie pour toujours. Dans
mon esprit, cette fois, j’étais loin d’être heureux de « partir ». On peut tout dire sur Beyrouth, que c’est une
ville moche, polluée, étouffante, mais ça reste mon Beyrouth.
Mais une fois la nuit tombée et la ville calmée, j’ai pu reprendre mon
souffle. Ce pays nous apprend la
patience et la nonchalance.
Demain est un autre jour.
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